Je m'arrête alors sur "Enquête Exclusive" sur M6.
Super ! L'Inde sur le grand écran. On est en plein mois de juillet, il fait trés chaud, et règne une chaleur humide, c'est parfait pour regarder un reportage sur Jaïpur, la ville rose indienne.
Mon rêve, l'Inde...
Les images m'emportent vers des palmiers chatouillants le ciel turquoise, des temples dorés sur fond de couché de soleil en forme d'orange sanguine, dans des villas coloniales d'un blanc maculé puis vers des marchés bariolés de couleurs vives visités de ravissantes indiennes vêtues de saris fushias...Tout un panel de couleurs qui vont si bien aux habitants au teint mat, souriants et réspirant le bonheur... Jaïpur me fait aussi penser à un parfum de luxe...
Le reportage explique que la majeure partie de la population vit des pierres précieuses.
Tout un trafic. Les Indiens achètent, revendent, travaillent les pierres précieuses comme l'émeraude, le diamant etc...Biensûr toute la famille s'y colle et ce dès le plus jeune âge, ce n'est, jusqu'à présent pas une nouveauté. En Inde, tous les enfants pauvres travaillent ou font la manche. Tout le monde le sait, mais c'est comme ça. De croire que c'est dans leurs us me réconforte, dans mon petit canapé.
Jaïpur est très réputée pour la fabrication de bijoux faits de pierres et métaux précieux ; beaucoup de stylistes occidentaux font le déplacement pour acheter ou commander des bijoux !
Un honnête homme nous montre son musée rempli de milliers de dollars sous forme de bijoux plus exentriques les uns que les autres. Il explique que les stars en sont friandes !
Il a aussi le courage de nous dévoiler un atelier où des petites mains carressent à longueur de journées ces pierres tant convoitées. Les Indiens travaillent en tailleur, à même le sol, sans même regarder les pierres parfois. Au touché seulement, ils leur donnent une forme grâce à un tour et mettent la pierre dans la bouche pour le refroidir et ressortent le joyau en observant sa symétrie. En Inde, c'est un bon travail. Cela rapporte environ 200 euros à un adulte.
Bénis sont ceux qui gagnent 200 euros...
Aprés le faste, la richesse, les couleurs vives, les caprices de ces dames, les dollars qui dégoulinent le long des cous ; la dégringolade, la chute vers le néant, la décadence, le malheur...les enfants des rues.
On suit "Radjou" un petit indien au regard malicieux, qui n'a visiblement plus l'âme d'un enfant. (je ne sais pas l'orthographe de son prénom...)
Il raconte qu'il s'est "perdu" à l'âge de 4 ans. Il a pris le train avec ses parents, et il est apparement descendu seul à une gare et n'a plus jamais retrouvé sa famille.
Premier coup de poignard. Je sens mon dos se raidir sur le fauteuil. Je ne bouge plus un cil. J'écoute, le commentaire du journaliste et suit les aventures du petit hindou. Le pauvre enfant ne s'est même pas rendu compte, et heureusement, qu'il été tout simplement abandonné par des parents qui ne pouvaient plus assumer cette bouche à nourrir.
Par chance, dit-il, les "grands" (d'autres enfants abandonnés dans cette gare, un millier environ) ont pris soin de lui. Et tous attendent les trains pour trouver des bouteilles en plastique afin de les revendre et peuvent gagner environ 35 centimes d'euros par jour. Royal. "Radjou", de fierté, offre un thé au journaliste.
Le soir, les jeunes enfants se retrouvent sur un quai pour s'endormir, sur le béton, en attendant le train du petit matin...
Pour moi, jeune mère de famille occidentale, j'éprouve à ce moment-là beaucoup de tristesse, de malheur à regarder la vie d'enfants abandonnés dans une gare. Cela me révolte et j'imagine mes propres enfants à leur place...une boule se forme dans ma gorge...
Le journaliste nous présente une jeune indienne, "Lata" qui fait de son mieux pour s'occuper de ces enfants-là (j'en reste très admirative). Elle les visite quelques fois pour voir si tout va bien. Il nous annonce aussi que le pire l'attend au coin d'une rue.
Ouf, la pub.
Des glaces, des déodorants, ahhh ! revenue dans mon monde réél, ma maladie du voyageur se dissipe et mon asphyxie me lâche, en ayant une pensée pour ce grand enfant débrouillard tout de même. Je ressens alors de la honte quand je pense qu'en France, nous passons notre temps à nous plaindre depuis la Révolution Française, à faire gréve pour le moindre souci social. Peut-être que si les Indiens étaient comme nous, si seule leur nourriture quotidienne ne leur suffisait plus, alors leur condition de vie serait différente me direz-vous ?
Jingle.
Le pire - pour moi - arrive. La jeune femme découvre un petit garçon, qui doit avoir 7, 8 ans tout au plus, debout, droit comme un I, les yeux hagards, les vêtements sales, il la regarde et regarde la caméra sans aucune émotion aucune.
Le petit bout a été salement drogué par un "grand" pour mieux faire la manche, mieux faire pitié aux yeux des passants...Horreur. Le petit a le corps inerte. Il n'arrive plus à reprendre conscience, les yeux grands ouverts. Un autre enfant le prend dans ses bras et l'emmène à l'aide de la jeune femme dans "un centre où les enfants peuvent redevenir enfants quelques instants" explique le journaliste. "Mettez-le dans un lit nom de Dieu !!" M'écriais-je intérieurement. Non, sur une chaise de jardin en plastique...le pauvre...je ne peux plus supporter le voir béant, sans vie apparente, à son âge il devrait être plein de vie, de joie, de jeux, de bonbons et de dessins animés, pas de drogue !!! On a largement dépassé le court métrage, on est là, en pleine réalité, celle que l'on ne connaît pas ici, celle qu'on sait existante mais celle à laquelle on ne veut pas penser car c'est trop lourd.
On revoit le petit sur l'épaule d'un frère de rue, il n'a pas réussit à s'en remettre au centre mais malheureusement ce dernier n'est ouvert que jusqu'à 18 heures.
Il va dormir, encore une fois, sur ce quai de gare, sur une couverture seulement. Il a encore les yeux grands ouverts. Il n'arrive pas à se sortir de son état de "légume". Un grand lui recouvre le petit ventre vide. La caméra nous montre ses yeux qui nous regardent, grands, beaux, purs, d'un brun-jaïpur, ces yeux qui veulent nous dire qu'il n'a rien demander, lui.
J'éteinds la télé, je vais me coucher...dans mon lit... "
Depuis, je n'arrive pas à oublier ce regard.
Je n'y arriverais probablement jamais.
Desormais, pour moi, Jaïpur n'est plus la ville rose, mais la ville brune, couleur des yeux de ce petit garçon temoin de toute cette enfance en grande souffrance, dans un pays pourtant dirrigé par de grandes fortunes, cela paraît improbable et même dégoûtant.
Ces enfants des rues de Jaïpur ne sont pas les seuls à souffrir dans ce monde, je le sais.
Il y a des enfants qui dorment dans des cimetières en Malaisie, des enfants atteints du Sida au Sénégal, des enfants qui font la manche en Yougoslavie, des enfants maltraités en France, des enfants alcooliques en Russie, des enfants prostitués en République Dominicaine...etc...etc...
Nous ne pouvons plus subir des images en oubliant l'instant d'après. Nous pourrions sans doute changer le monde grâce aux moyens de communications hyper sophistiqués que nous possédons dans les pays riches. Tous ces enfants sont nés au 21ème siecle eux aussi !!!
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DE JAÏPUR ET D'AILLEURS
Votre profil : vous êtes une star, un millionnaire, un gagnant du loto, la réincarnation de Coluche ou de Soeur Emmanuelle, vous avez de l'argent et vous ne savez pas quoi en faire ?
N'hésitez pas, devenez un héros en sauvant des enfants de leur déchéance en créant des associations et des écoles gratuites supplémentaires dans leur pays qui les aiderai à s'éduquer convenablement, à se protéger du mal et à trouver le but de leur vie et pas seulement de leur journée.
Les aider à dormir, manger, s'occuper d'eux, ce que nous faisons nous naturellement sans trop nous battre. Aider les femmes, les futures mères et les mamans a avoir un accés évident et gratuit aux soins, aux hôpitaux et à la gynécologie.
Votre acte sera plus héroïque que d'acheter des parures de bijoux, vous pouvez en être sûr. Même si des associations existent déjà pour les aider du mieux qu'ils peuvent, ils ont tout de même besoin de vous, de nous.
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Visitez le site de l'Unicef et aidez-les si vous le pouvez.
"Maharadjahs, enfants des rues et pierres précieuses : les mystères de Jaïpur"
M6, Enquête Exclusive
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